É(co)log(i)e du ver de terre

Quand j’étais petit à la récré, on faisait des jeux compliqués avec les copains, où on disait qu’on serait des animaux et qu’on ferait des trucs de oufs parce-qu’on aurait des super-pouvoirs, tout ça, et un des moments cruciaux du jeu était celui où on choisissait quel animal on serait :
– Moi je suis le lion
– Et moi le tigre
– Et moi l’aigle
– Et moi le rhinocéros, pasqueu je vous encorne et avec ma carapace on peut rien me faire
– Ouais mais moi je vole alors tu peux pas m’attraper
– Et moi je suis le dragon comme ça je vous fais tous brûler
– Et moi je suis Lucky Luke, je vous tue avec mon pistolet
– Toi tu joues pas avec nous

Bref, on était jeunes, et notre imaginaire était déjà imprégné des valeurs qui nous faisaient préférer les superprédateurs comme animaux fétiches. Personne n’aurait par exemple pris comme animal le ver de terre, c’était même un des plus méprisables : c’est mou, c’est moche, c’est sale, ça vit dans la terre, et si ça se trouve ça pue.
Pourtant, si nous autres animaux terrestres à deux pattes avions un peu plus de respect pour ces bestioles discrètes et cruciales (et avant ça, de connaissances à leur sujet), il y a plein de choses qui marcheraient différemment.

Les espèces
Des vers de terre il y en a plusieurs espèces (et plusieurs genres, même). Dans les jardins de nos latitudes on trouve entre autres les quatre suivantes :

– Le nerveux des feuilles mortes, alias Lumbricus rubellus. Il se reconnaît facilement au fait que quand on en attrape un il n’aime pas du tout ça et nous le fait savoir en gigotant vigoureusement. Il est de couleur rouge rosé et mesure jusqu’à 12 cm. On le trouve surtout en surface (on dit que c’est un épigée), dans des litières issues de la décomposition de feuilles mortes, dans les troncs en décomposition, parfois au pied des tas de compost (mais rarement à l’intérieur). Il aime les endroits bien ameublis, frais et humides, où il peut se promener sans effort et sans se dessécher sur place. Parmi ses activités appréciables, il rend bon nombre de nutriments plus accessibles aux plantes. On a observé (bien que pas à l’oeil nu) que ce ver favorise la présence de bactéries et de champignons (des actinomycètes plus précisément) producteurs de vitamine B12, et accroit donc la concentration de cette vitamine dans le sol. Cela est particulièrement bénéfique pour l’orge, qui produit ainsi plus de matière sèche, à la grande joie de notre Lumbricus rubellus. S’il n’existait pas, les forêts de feuillus auraient une tout autre allure, car la litière se décomposerait plus lentement et s’accumulerait en surface, comme c’est le cas dans certaines forêts de conifères, aux litières un peu trop acides pour notre énergumène gigotant, qui préfère les endroits neutres ou légèrement basiques.

– Le zonard du tas de fumier, alias Eisenia foetida, est aussi un épigée. On le trouve en abondance dans les tas de fumier et de compost, rarement en terre, sauf parfois dans de grosses racines pourrissantes. Il mesure jusqu’à 14 cm, est tout rougeaud avec parfois de petits anneaux jaunâtres, il n’est pas très vif, traine toujours en bande, et sent un peu mauvais, surtout si on essaie de l’attraper (on considère que c’est un mécanisme de défense face aux prédateurs). Il a l’air pas très fréquentable comme ça, pourtant il rend de fiers services. Si vous avez du vermicompost chez vous, c’est probablement lui qui est dedans et qui transforme vos épluchures en humus. Et s’il n’existait pas, nos toilettes sèches auraient bien du mal à être une source de fertilité pour nos jardins.

– Le gros pépère, alias Ailoscolex lacteospumosus si je ne m’abuse, qu’on trouve autour des Pyrénées (paraît-il qu’ailleurs en Europe il n’y en a pas mais j’ai pas été voir). Il est très gros, grisâtre violacé, peut mesurer jusqu’à 80 cm, se déplace très lentement, et habite dans les couches du fond, souvent compactes et où les petits vers n’auraient pas la force de creuser des galeries. On dit que c’est un endogée, on le rencontre assez rarement en surface, sauf parfois en cas de grosses pluies qui le font sortir plus ou moins contre son gré, et faire peur aux enfants qui le prennent pour un serpent. Si les vers endogées n’existaient pas, bon nombre de peuplements végétaux auraient une toute autre allure, car les sols seraient plus maigres, les couches profondes étant compactes comme de la roche

– Le grimpeur, alias Lumbricus terrestris, le lombric, le vrai, l’unique. Les petits turricules qu’on trouve en automne et qui font enrager les tondeurs de pelouse, c’est lui qui les fait. C’est un animal anécique, c’est à dire qu’il fait le va-et-vient entre la surface du sol et les couches plus profondes (il peut aller jusqu’à 2 mètres si la texture du sol le permet), au travers de galeries qu’il creuse en mangeant, et permet de répartir l’humus sur toute l’épaisseur d’un horizon, et d’apporter ainsi les nutriments liés à l’humus à proximité des racines des plantes. C’est un animal plutôt crucial, car c’est surtout dans les intestins des lombrics que se forme le fameux complexe argilo-humique, essentiel au développement des plantes, qui mine de rien nous nourrissent. S’il n’existait pas, l’humus resterait désespérément en surface et ne se lierait pas aux argiles du sol, qui serait ainsi très instable. Le lombric vient se nourrir en surface dans la litière, on a observé (à l’oeil nu cette fois-ci, notamment Charles Darwin himself) qu’il est capable de saisir une feuille morte, et de l’amener dans une de ses galeries, où il la laisse se décomposer quelque-temps avant de la manger. Pour l’anecdote, non seulement il est capable de saisir une feuille, mais il le fait quasiment toujours par la pointe, et quand on lui met des feuilles d’espèces étrangères il n’est pas dupe et les attrape par le pétiole, ce qui faisait dire à Darwin « Si les vers ont la faculté d’accéder à une certaine représentation, si primitive soit-elle, de la forme d’un objet ainsi que de leurs propres galeries, comme cela semble être le cas, alors ils méritent d’être qualifiés d’intelligents ».

Conditions de vie : nourriture, air, eau
Parmi nos besoins de base il y a respirer, boire et manger. Et bien pour les vers de terre, c’est pareil.

– Ce qui nourrit les vers de terre dans un écosystème sauvage (forêt, prairie), c’est la litière, c’est à dire les débris végétaux et animaux en décomposition à la surface du sol, ou du moins dans les horizons superciciels. Dans un agrosystème, ce qui tient lieu de litière peut être du mulch (à base de feuilles mortes, de paille…), du compost ou du fumier s’ils sont épandus en surface, du brf après attaque par les champignons… Sans apport de matière tenant lieu de litière, les vers auront le choix entre mourir ou migrer vers des lieux plus cléments.

– L’eau est le paramètre critique en sol léger et climat sec, mais comme au Sens de l’Humus on pense à tout, il y a des expérimentations en cours en Balagna (Corse) dans un endroit qui illustre ce cas de figure. Pour permettre au sol de contenir assez d’eau, il faut bien sûr qu’il soit aéré (voir le point suivant), mais aussi qu’il perde peu d’eau par évaporation, et pour cela on a recours à une couverture végétale, soit sous forme de litière (voir le point précédent), soit sous forme d’engrais vert (luzerne, fénugrec etc.), qui bien qu’il évapore de l’eau permet toutefois une meilleure pénétration de la pluie que sur un sol nu.

– L’air est le paramètre critique en sol lourd et climat humide, mais comme au Sens de l’Humus on pense à tout, il y a des expérimentations en cours en Lapurdi (Pays Basque) dans un endroit qui illustre ce cas de figure. Pour permettre à un tel sol de contenir assez d’air, la culture en buttes est assez judicieuse (voir ici pour les détails).

Inutile d’en dire plus, on se rend aisément compte que les recommandations générales de l’agroécologie servent en fait à créer et à améliorer les conditions de vie des vers de terre. Mais en plus de ces recommandations générales, il y a quelques gestes particuliers à connaître :

Les bons gestes
– Premièrement, ne pas nuire.
Si on veut que les vers de terre vivent et se multiplient, autant d’abord éviter de les tuer, d’autant plus s’il n’y en a pas beaucoup à la base. Pour cela on va préférer travailler le sol (quand c’est nécessaire) avec des outils à dents plutôt qu’avec ceux à fer plat, par exemple on va utiliser une fourche-bêche ou une laia double au lieu d’une bêche. Il va sans dire qu’on s’abstiendra de balancer des poisons de toute sorte, mais aussi qu’on évitera de balancer du lisier ou assimilé (urine, liquide de fosse septique), qui tue les vers de terre, dixit Claude Bourguignon.

– Travailler le sol le moins souvent possible.
Idéalement, pour ameublir un sol, on laisse faire la vie sauvage, auquel cas on a juste à apporter un mulch qui servira à la fois d’abri et de nourriture à toute la pédofaune, vers de terre inclus. C’est très bien pour les terrains en pas trop mauvais état, notamment pour des sols légers et/ou en régions sèches (en revanche en sol lourd et/ou en région humide, l’inconvénient du mulch est que ça favorise les pullulations de limaces et de loches), et ça demande peu de travail.
Mais comme on a rarement des terrains en parfaite santé, et comme pour nos premières expériences humussiennes on récupère souvent des terrains maltraités (compactés, lixiviés, appauvris en humus…), on peut aussi favoriser cette vie en intervenant fortement (exemple d’intervention lourde : la butte double-bêchée). L’avantage est que la fertilité recherchée peut être atteinte plus rapidement, et qu’on a donc moins longtemps besoin d’acheter nos poireaux au lieu de les autoproduire. L’inconvénient est que bien que ce soit pour le bien des vers de terre, quand on le fait ça les dérange quand-même beaucoup, car ça bouleverse la litière (ou ce qui en tient lieu) où vivent les Lumbricus rubellus, ça défait les galeries des Lumbricus terrestris dans la première couche, et celles des gros pépères dans la couche profonde. C’est là qu’il s’agit de savoir quoi faire et comment, pour éviter de coûteuses erreurs. Une chose qu’on peut faire en préalable au double-bêchage est de remuer d’abord toute la couche supérieure avec un outil à dents, puis de laisser reposer deux ou trois jours, cela servira de signal aux vers pour qu’ils aillent dans la butte d’à côté où ils seront plus tranquilles. Mais tous ne partiront pas, et c’est là qu’intervient le point suivant.

– Hébergement d’urgence.
Pendant qu’on travaille le sol, il est intéressant d’avoir avec soi un seau rempli de terre meuble et fraîche, dans lequel on placera les réfugiés qu’on rencontre, le temps que les travaux prennent fin. On pourra ensuite les relacher dans leur nouveau milieu, où ils devraient se trouver plus à leur aise, chose qu’on pourra constater au bout de quelques mois. Si on veut être pointilleux, on peut même faire un seau séparé pour les gros pépères, qu’on relâchera dans la couche profonde du double-bêchage.

– Régénération
Contrairement à une croyance commune, un ver de terre ne se régénère pas si on le coupe en deux. L’avant peut à la rigueur régénérer l’arrière si l’amputation n’est pas trop importante, mais l’arrière ne peut en aucun cas régénérer l’avant, tout simplement parce-qu’à l’avant du ver de terre il y a la bouche, et que sans bouche il ne mange pas donc il meurt. D’un cul on ne fait pas une bouche, qu’on se le dise. Donc si en travaillant votre sol vous tombez sur des vers de terre, ne continuez pas à envoyer des grands coups de houe en vous imaginant multiplier ainsi la population de ces bestioles, utilisez plutôt l’hébergement d’urgence.

Quelque-chose aurait changé le jour où s’opèrerait un renversement de l’imaginaire qui ferait dire à un gamin comme ceux qu’on a étés : « moi je suis le ver de terre, parce-que c’est grâce à moi que vous tenez debout ».
Car comme le disait déjà Charles Darwin en 1881 : Il est permis de douter qu’il y ait beaucoup d’autres animaux qui aient joué dans l’histoire du globe un rôle aussi important que ces créatures d’une organisation si inférieure.
Et comme le disait Marcel Bouché (secrétaire du Comité de Zoologie du Sol de l’Association Internationale de Science du Sol) en 1985 : Si nous comparons, par exemple, l’importance accordée à l’ornithologie et le grand nombre d’ornithologues étudiant 1 kg d’oiseaux par hectare, avec le nombre extrêmement limité de chercheurs intéressés par des centaines ou des milliers de kg par hectare de vers de terre, alors nous pouvons conclure que notre connaissance des écosystèmes est fondamentalement déformée par notre perception « épigée » de la nature et notre ignorance de la vie « endogée ».

Les trucs qu’on a lus avant de vous raconter tout ça sont « Earthworm biology », de J.A. Wallwork (Edward Arnold Publishers Ltd, 1983) et « Le Ver de terre au jardin », de W. Buch (éditions Ulmer, 1991)

Photos :

21 commentaires sur « É(co)log(i)e du ver de terre »

  1. Mon invention , les toilettes fertilisantes utilisent avec de l’eau ou sans eau avec des lombrics du fumier ou sans lombric de l’Humus Ce sont a n’y pas se tromper les toilettes de la nature tout ce processus se déroule ainsi dans la nature avec les déjections de animaux .
    Il n’y a que les hommes qui se sentent plus intelligents , se permettent de mélanger toutes les eaux , se pemettent d’enlever au bulldozer la terra arable etc .
    Revenons modestement vers la nature ça n’est pas onéreux , ça prend un peu de temps mais quel plaisir d’obtenir de l’humus qui fertilise les fleurs et les légumes .
    Dans le site web merci lombric nouvelle version je donne la manière de fabriquer des toilettes fertilisantes et j’aiderai ceux qui me le demanderons par mail .

  2. Le sens de l’humus découvertes .a) Un compost de végétation broyée auquel j’avais ajouté de la fiente de poule ..au final de l’humus plus de poule, plus de végétaux b) Une masse végétale contenant des lombrics sélectionnés (cf mercilombric.com) j’envoie des particules on me parle d’entropie. je boycotte le broyeur. j’installe les déjections sur la masse filtrantes 10 à 15 jours après de visu rien n’a changé , je touille de l’humus rien que de l’humus les vers du fumier ont transformé in situ mes déjections en humus c) L’analyse de fioles remplis d’humus provenant de mes toilettes, en parasitologie Le texte de l’analyse est dans le site mercilombric d) Après des lectures sur l’agriculture naturelle je décide de cultiver un jardin sans labours au milieu d’une zone de jardin fortement labourés. Je supprime le compost toute la végétation rejoint le dessus du sol . Surprise progressivement le long des chemins qui ménent au jardin de turricules des centaines de turricules . Les terrestris ont perçu ? senti? répéré? la nourriture . En échange j’aurais de l’humus dans le sol et mes légumes auront pour se nourrir de l’humus comme les arbres dans la forêt .

  3. Korrotx, j’ai mis des photos, je te laisse les légender comme il faut…
    Il me semble que tu ne parles pas dans ton article du premier photographié, qui a tendance à se mettre en pelote, et qui vit près de la surface.

  4. Ben moi, je serais un carabe, et je boufferais toutes les limaces… et même des fois des vers de terre. Tiens, j’ai bien envie d’écrire un article aussi chouette que le vôtre, sur les carabidés.

  5. Sur l’eau :

    Les plantes des pays tempérés, sur une année, tirent allègrement dans les 500mm d’eau pour assurer leur photosynthèse.
    L’évaporation perd dans les 100 à 150mm seulement.
    Un sol mulché sans culture n’a pas besoin de beaucoup d’eau pour rester humide.
    Un sol cultivé, surtout avec des graminées, s’assèche très vite.

    Sur le compactage :
    On a pu voir sur des limons en semis direct que le sol est étonnament ferme. Il n’en est pas pour autant forcément compacté. Il respire très bien, mais est très solide, très portant, et quand il est sec, résistant à une bêche. La végétation n’a pas rendu le sol plus compact, elle l’a rendu très sec, c’est tout, donc d’apparence compact.

  6. Comme la terre était plus sèche là où il y avait des plantes, les limons ont du se resserré, et de là la terre était plus compacte (on avait un peu plus de mal à enfoncer la beche, qui d’ailleurs partout sur le terrain, était très difficile à enfoncer)

  7. Le pompage d’eau par les plantes peut en effet expliquer une sécheresse relative du sol par rapport aux endroits sans végétation, mais pour la compaction ça reste un mystère. J’ai toujours observé qu’un même sol est généralement plus compact là où il n’y a pas de plantes par rapport aux endroits enherbés.

  8. Disons, en général, dans les trous plus ou moins gros qu’avait laissé le couvert , dans ce sol de limons batteux en effet, la terre était moins compacte et plus humide, parce que les plantes ne pompaient pas l’eau du sol (il manquait d’eau et d’azote au moment de la visite) . C’était encore plus marqué sur un trou plu gros que les autres
    Faut dire aussi qu’il y avait un bon mulch de paille broyé, en bon couvert végétal, sur toute la surface, pas de terre à nue.

  9. Ainsi on a vu sur les champs sous couvert végétal (sol limoneux, lors d’un automne sec) aux quelques endroits où il y avait un trou dans le couvert : c’est là que la terre était la plus humide, la moins compacte.
    Je pense que ça dépend de l’échelle à laquelle on se place. De quel ordre de grandeur était le trou en question? À quoi était-il dû? Je vois mal comment la végétation peut rendre le sol plus compact.
    Sur sol limoneux, qui tend à être battant, la végétation peut aussi favoriser la pénétration de l’eau de pluie, qui dans les endroits nus reste plus en surface (le temps d’être évaporée).

  10. « [il faut que le sol] perde peu d’eau par évaporation, et pour cela on a recours à une couverture végétale,[…] sous forme d’engrais vert (luzerne, fénugrec etc.) »
    Pas si simple que ça, parce que la végétation peut pomper l’eau. Ainsi on a vu sur les champs sous couvert végétal (sol limoneux, lors d’un automne sec) aux quelques endroits où il y avait un trou dans le couvert : c’est là que la terre était la plus humide, la moins compacte.

  11. j’ai l’impression que ce rendement se fait par apport d’humus (”tu apportes d’un seul coup plein d’humus” 😉 et non pas par création d’humus
    On utilise effectivement du compost au départ pour faire la première butte (mais on peut imaginer faire une butte sans, et faire du compost ensuite avec la paille et les tiges qu’on aura récoltées). Il est intéressant d’utiliser pour cela pas seulement de la paille issue des cultures, mais aussi des végétaux issus de coins non cultivables, notamment des endroits où la matière organique évolue lentement et tend à s’accumuler (exemple dans mon cas, grands carex, joncs, tiges de saule roux et de sureau noir, qui poussent sur une pente exposée nord et que j’utilise une fois broyés comme litière pour les toilettes sèches).

    Quant à l’apport d’oxygène, j’ai entendu (à la conférence de Bourguignon ?) que le labour permettait d’améliorer le rendement notament par l’apport d’oxygène, mais que c’était néfaste à long terme. Il n’y a pas ce problème quand tu retournes la terre pour ton double bêchage ?
    Labourrer n’est pas du même ordre que faire une butte double-bêchée, bien que dans les deux cas on remue la terre.
    À la base le labour sert à éliminer les repousses d’herbe avant de cultiver, il sert aussi à ameublir le sol mais est contre-productif à la longue car plus on labourre plus on a besoin de labourrer, car on détériore à chaque fois les conditions de vie des vers de terre, et le sol est de moins en moins aéré de lui-même (sans compter qu’il finit aussi par se tasser en profondeur et qu’il faut passer une sous-soleuse de temps à autre pour casser la semelle).
    Quand on fait une butte double-bêchée, l’objectif est d’améliorer suffisamment la texture du sol pour ne plus avoir à le refaire. Dans mon jardin les premières buttes que j’ai faites fin 2005 commencent à se tasser, je vais les retravailler cette année, et cette fois-ci elles devraient durer un peu plus que 2 ans et demi avant de se tasser, puis un peu plus la fois suivante etc car à chaque fois on favorise la vie du sol (d’ailleurs je trouve qu’il vaut mieux dire « vie du sol » que « fertilité »), jusqu’à ne plus avoir besoin de double-bêcher.

  12. J’ai toujours du mal à voir le gain de « fertilité ». Ta butte te permet d’augmenter le rendement (sur une surface donnée), ce qui me semble le principe même de la bio-intensive, mais j’ai l’impression que ce rendement se fait par apport d’humus (« tu apportes d’un seul coup plein d’humus ») et non pas par création d’humus. Quant à l’apport d’oxygène, j’ai entendu (à la conférence de Bourguignon ?) que le labour permettait d’améliorer le rendement notament par l’apport d’oxygène, mais que c’était néfaste à long terme. Il n’y a pas ce problème quand tu retournes la terre pour ton double bêchage ? Quant à l’eau ça peut peut être améliorer la fertilité, mais je n’ai pas les connaissances pour le savoir 🙂

    Ou alors, le fait d’avoir de plus gros rendements plus vite te permet d’avoir plus de compost ou de mulch, et de décompacter la terre avec plus de racine, et du coup de fertiliser plus vite ton sol ?

  13. en quoi la culture sur buttes améliore la fertilité du sol plus rapidement qu’une méthode naturelle sans butte ?
    C’est parce-qu’en faisant ta butte, tu apportes d’un seul coup plein d’humus (compost), plein d’air (en décompactant), et tu laisses l’eau pénétrer plus bas, et moins s’évaporer que sur un sol compact. Donc si c’est bien fait (c’est à dire avec du compost bien fait et sans commencer sur un sol trop humide ou trop desséché), ça améliore la fertilité, c’est bon pour les racines de ce qui y poussera et pour les vers de terre qui s’y promèneront.
    L’an dernier j’ai fait du seigle sur deux planches côte à côte, l’une montée en butte, l’autre sans travail du sol. Les deux avient un mulch de simili-brf (hortensia broyé). Sur la première j’ai eu des tiges de 1m60 avec de longs épis (dans les 16-17cm), sur la seconde j’ai eu des tiges de 40 à 50cm, avec des épis de 4 ou 5 cm (c’est vrai que j’aurai dû prendre une photo).
    Si je laisse faire la vie sauvage en me contentant d’apporter de la litière, j’aurai sûrement une très bonne fertilité sans aucun effort sur la seconde planche. Mais peut-être dans 20 ans. Ou peut-être pas du tout, car cette terre est tellement asphyxiée qu’elle pourrait se transformer en marécage.
    En faisant une butte je dépense plus d’énergie, mais si je ne fais pas n’importe-quoi j’atteinds plus vite la fertilité du sol et l’autonomie vers lesquelle je tends.

  14. Une question que je me pose, car je n’ai pas encore lu le bouquin de John Jeavons, c’est en quoi la culture sur buttes améliore la fertilité du sol plus rapidement qu’une méthode naturelle sans butte ?

  15. Pour les photos, j’essaierai de trouver un de mes « gros pépères » pendant mon prochain double-bêchage, je ne suis pas 100% sûr que le nom d’espèce que j’ai mentionné est le bon, mais je serai au moins sûr que la photo correspond à la description que je donne.

  16. « J’ai paillé il y a une semaine certaines allées avec du brf de sapin, je viens justement d’inspecter ce matin : y’avait des Lumbricus rubellus »

    Si tu pailles pendant un siècle avec du BRF de sapin, il n’y en aura plus.

    Merci Korrotx de mettre des joulis articles quand j’ai pas le temps d’écrire.
    Si tu as des photos, effectivement, tu peux les rajouter.

  17. Merci bcp de cet article (on peut pas avoir les photos en sus ?)

    Concernant Lumbricus rubellus
    « S’il n’existait pas, les forêts de feuillus auraient une tout autre allure, car la litière se décomposerait plus lentement et s’accumulerait en surface, comme c’est le cas dans certaines forêts de conifères, aux litières un peu trop acides pour notre énergumène gigotant, qui préfère les endroits neutres ou légèrement basiques. »

    J’ai paillé il y a une semaine certaines allées avec du brf de sapin, je viens justement d’inspecter ce matin : y’avait des Lumbricus rubellus 🙂

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